Description
Lettre autographe, signée « W.S.», adressée au peintre Paul Robert.
Venise, 5 janvier 1904 ; 3 pages in-8°.
Extraordinaire et rare lettre sur sa peinture :
« C’est que je n’ai justement pas deux études prêtes. Mes paysages dont j’ai seize sur les langes sont tous arrêtés pour le moment par les pluies, le vent et le froid. Et mes toiles de personnages, dont j’ai dix-huit en main ne sont pas terminées non plus. Alors il n’y a rien à faire avant votre départ. (…) Et dites-moi en plus. Ne vaudrait-il pas mieux envoyer des toiles de huit que des petits formats de 2 ? Faudrait-il les envoyer tout de même en votre absence, ou non ? Si vous allez dans le Midi, poussez encore un peu plus loin et venez ici ! Je viens de vendre 3 toiles à 300 francs chaque, en dépit du fait que Tavernier m’a prié de ne pas éparpiller mes toiles, et que les Bernheim m’enverront des fonds aussitôt qu’ils recevront les toiles. Mais d’ici là j’ai toujours besoin d’argent. Et aussi, selon ce qu’ils m’ont payé jusqu’ici, il m’aurait fallu neuf toiles pour recevoir la somme que j’ai reçue pour trois. C’est difficile de savoir que faire. Je ferai bien des sacrifices pour être sûr de leur appui continuel, mais si les frais de production sont en excès de ce qu’ils donnent, ce n’est pas une affaire mais un martyre. J’ai cinq francs de modèle par jour (…) et je travaille de 9 à 4 heures. Et je ne peux pas aller plus vite. Et si je leur fais des toiles hâtives, lâchées, ce serait me couper la gorge à moi-même, et à ma capacité de leur pondre du poignon. Je ne demande qu’à devenir leur Thaulow. Mais même Thaulow a besoin de remplir son ventre et de respirer. J’écris en ce moment à Tavernier pour lui parler de tout ceci. Le fait même que je peux facilement vendre des toiles à 300 francs me semble en quelque sorte une preuve qu’ils trouveront, eux, un écoulement assez facile qui leur permettrait de me donner autant, ou au moins deux cents francs par toile. (…) Mais c’est que c’est long à faire, des toiles à peu près convenables. Bien du plaisir mon vieux.(…) A quatre heures on s’ennuie que la lumière a foutu le camp. A six heures on se met en route pour aller au trattoria diner. Le diner et le vin vous stupéfient. Je fais un “nocturne” qui est chic et qui s’appelle le quai du mauvais coin. Fondamenta del Malcanton. »
— THAULOW Frits (Christiania, 1847 - Edam-Volendam, Pays-Bas, 1906), était un peintre et graveur impressionniste norvégien, installé en France, ami notamment de Rodin, exposait à la galerie Bernheim-Jeune.
Provenance
Peintre Paul Robert
Authenticité
Certificat joint
Détails
- Auteur : Walter Richard Sickert
- Hauteur : 3 pages in-8
- Largeur :
- Support : papier
- Date : 5 janvier 1904