Paul GAUGUIN

Description

Lettre autographe signée, adressée à son ami, le peintre Émile Schuffenecker.

S.l.n.d. (La Martinique, septembre-octobre 1887) ; 2 pages in-4 à l’encre sur papier quadrillé bleu à en-tête imprimée « Fabrique spéciale de toiles imperméables & inpourrissables. Dillies & Cie. P. Gauguin, Représentant ». (Taches superficielles, profondes déchirures aux plis et petites déchirures sur les bords; coins inférieurs arrachés).

L’une des dernières lettres adressées par Paul Gauguin au peintre Émile Schuffenecker (1851-1934) à Paris dans le cadre du premier voyage aux Antilles qu’il avait entrepris avec son ami le peintre Charles Laval (1862-1894). Gauguin et Laval souffrent alors de la fièvre jaune et essayent de rentrer à Paris mais leur retour est différé par manque d’argent.

Les lettres de Gauguin de la Martinique sont très rares.

«... Pour vous mettre a nu ma position ici. Je suis encore malade et ne peux guérir qu’avec un autre climat: chaque courrier je retombe avec la fièvre causée par l’émotion. Quoique cela je vais clopin clopan assez pour rattraper le temps perdu et faire quelques bonnes toiles. Je rapporterai une douzaine de toiles dont quatre avec des figures bien supérieures à mon époque de Pont Aven - J’ai, d’ici l’arrivée des 250f, les 56f que vous m’avez envoyés, pour manger à deux c'est à dire pendant un mois et demi car je ne puis prendre le courrier que 15 jours après l’arrivée de celui qui apporte des lettres. Vous devez comprendre nos souffrances et le peu de forces que cette nourriture peut donner à un malade pour se rétablir. Avec cela je n’ai pas de lettres de ma femme depuis que je suis ici et voilà deux lettres que je lui écris entre autres une qui expliquerait ma maladie. Que se passe-t-il de ce côté ? et toutes mes nuits sont dans l’insomnie à cause de cela - Si ma femme mourrait en ce moment je serais dans de beaux draps vis à vis de mes enfants - À toute force il faut que je rentre en France et je n’ai d'autres moyens de voyage que le paquebot qui ne fait pas crédit. Vous devez rentrer de vacances avec beaucoup de bonnes études je suis sûr que la contradiction J.P. Laurens vous aura émoustillé. Du reste vous n’avez qu'à bien vous tenir ce que je rapporte est d’attaque; malgré ma faiblesse physique je n’ai jamais eu une peinture aussi claire aussi lucide (par exemple beaucoup de fantaisie - Ne vous étonnez pas si Lunès a des Pissarro c’est son cousin; à la dernière exposition nous avons causé ensemble Pissarro lui et moi; donc il me connaît bien mais Pissarro ne s’est pas empressé de lui parler favorablement de moi - Quand vous verrez le marsouin vous lui direz qu’il n'a pas de délicatesses dans le cour; il m’écrit une lettre pour me dire que si je me noie c’est de ma faute et qu’il ne sait si devant ma situation il doit rire ou pleurer, qu’il travaille petitement sans rien demander ? personne (mensonge d’abord) ».

Le « marsouin » est Antoine Favre (1847-1873), l’un des plus vieux amis de Gauguin.

Référence : Maurice Malingue, Lettres de Gauguin à sa femme et ses amis, Paris, Grasset, 1946, S. 116f., Nr. LVIII.

Provenance

Émile Schuffenecker

Authenticité

Certificat et facture jointe

Détails

  • Auteur : Paul GAUGUIN
  • Hauteur : in-quarto
  • Largeur :
  • Support : Papier
  • Date : Martinique - Septembre-octobre 1887
Prix
  • Prix : 18 500 €

Réservation

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